vendredi 30 décembre 2022

Ces rencontres qui font du bien


Poète et comédien, le dernier recueil Petites Douceurs de Yves-Jacques Bouin … est un lieu de paix en cette fin d’année 2022. Il écrivait à propos de l’écriture: mes émotions indiffèrent l’univers. Est-ce que pour l'éternité j'existerais davantage ?

"Parfois, lorsque je pense aux poètes qui ont pu et peuvent nous accompagner durant toute notre vie, je souhaiterais qu'un seul des poèmes que j'ai écrit, ou même qu'un seul vers, parmi ces poèmes, puisse rester dans la mémoire de l'avenir et faire du bien à ceux qui par hasard le liront (sans prétention aucune). Je pense aux poèmes de Michaux, de René Char, de Paul Éluard et pour citer aussi le Québec, je pense à Pierre Morency, et à quelques-uns de ses poèmes qui m'ont marqué dans "Quand nous serons". J'en parle parfois aux jeunes gens que je rencontre lors d'une animation... Ce sont pour eux des noms, des personnes inconnues, bien sûr."

( Petites Douceurs, Éditions L’Atelier des Noyers, Dijon, France, 2022.

Geishas on paper, peinture de Maria Vinuesa )

Apaise-moi dit-elle

Il creuse dans son regard 

Tous les bruns de la terre 

Apaise-moi dit-il

Elle pose sur ses lèvres 

Le partage des eaux.



    Cela prend du temps, de la place dans son coeur et le goût de partager…

La lecture vibrante, touchante du dernier recueil de Sylvie Nicolas, Tout chagrin est un théâtre d’ombres, que je fais mienne dans ses refuges, ses silences et ses chagrins. 


Sylvie, du latin « silva » forêt généreuse avec ses phrases enracinées dans un terroir qui est le plus rien de Toi, que je reconnais de plus en plus, que jaime lire et parfois relire.


Une poésie que lon ne rencontre pas souvent !


( Tout chagrin est un théâtre d’ombres, Hamac, Québec, 2022. Toucher terre, Oeuvres de la main gauche, Bertrand Tremblay artiste peintre. )



« Tu penses : Au théâtre de la mémoire, le chagrin lègue ses empreintes fossiles. » 




    Je me suis imprégnée à chaque page d’un voyage nomade dans une nature palpable et fragile.

« Lhiver sest accroché, je retiens laube de toutes petites joies… »


Jai le coeur qui sest serré à la lecture dimages si fortes, si belles de Dominique Zalitis.

Je me suis reconnue dans lentreligne et dans les lignes de ce recueil d’une grande beauté et d’une douce clarté, « des fragments de ciel entre les draps »


J’aimerais aussi reboiser ma mémoire pour me libérer de tout un héritage si pesant, si enraciné quil me fait encore mal après toutes ces années.


 C’est pourquoi Défricher l’aube m’émeut jusquaux larmes. Ce recueil est dune grande beauté.

( Défricher l’aube, Éditions David, Ottawa, 2021. Îles Mingan, Québec, photographie de Claud Lapointe . )




    Dès le premier poème du recueil à venir, Ce n’est plus demain de François Vigneault, me voici emportée vers une Terre éternelle et fragile à la fois. Sa poésie observe les beautés du ciel, des minéraux, du fleuve et de la vie. Elle puise sa force dans le léger et le lourd, le dedans et le dehors, linfini et le limité, la présence et lombre. À travers les mots du poète, on sent la révolte contre le convenu, les insignifiants discours, les guerres et leurs décombres ou les faux-semblants quand lamour et la beauté sont à nos portes, 



« Continuez à chercher Dans la nuit La musique de nos voix Ce nest plus demain Mais aujourdhui Tous les jours Que les pierres tombent Sur les jardins 

Quon croyait éternels ». 

( Ce n’est plus demain, Éditions du Sablier, Québec, 2023. Manon Cormier, artiste peintre, Québec, 2023. )



    Cest à un voyage contemplatif que nous convie la jeune autrice Nancy Montour. Accompagnés des peintures de Monique Duguay, ces petits textes -haïkus- sont légers, heureux et bienfaisants. LÀ, SUR LHORIZON, elles nous offrent de la simplicité et du bonheur à respirer. Jai aimé traverser les paysages de ce recueil et « en chemin perdre le temps, trouver un caillou ». Jai aimé le doux bruit de leau, la tranquillité qui sen dégage et le bonheur qui semble émaner dun instant fugace, dun horizon fragile. Jai aimé la simplicité, linnocence et ce trop-plein de couleurs qui sinscrit au fil des saisons. Lauteure veut nous transporter dans cet univers « pour le partager » et malgré la forme conventionnelle de ces petits éclats de poésie, réussit fort bien à nous faire 


« respirer le ciel, laisser nos rêves grandir, presque senvoler ».


… chercher lhorizon 

sur les vagues bouillonnantes 

question d’équilibre 

mer tempétueuse 

dans la voile qui tient bon 

trouver du courage






(Nancy Montour, auteure, La Mer me parle et Monique Duguay peintre. )








Marguerite Hubacher, un auteur atypique qui, après Bonheur de ciel, proposera en 2023 un autre recueil à la structure inusitée, Sauver quoi ?


Les souvenirs contre les souvenirs

une boussole intérieure disloquée 

quatre cardinaux

cramponnés à la mémoire.


La mémoire ne s’arrête jamais

les vivants rejoignent les morts, les êtres imaginaires les êtres réels

les rêves rejoignent l’histoire.


(Marguerite Hubacher, auteur et  Isabelle Lockwell, artiste peintre. )


 

jeudi 4 août 2022

In memoriam - Alain Laverdière (1948-2022)

C'est avec tristesse que nous avons appris tout récemment le décès d'Alain Laverdière, alias de Lauverdière, qui fut notre graphiste pendant quinze ans, pour une trentaine de nos publications. On se souviendra également de sa contribution à notre maison d'édition en tant que poète et romancier.

Dominic Deschênes et Fabienne Roitel

lundi 24 janvier 2022

Isabelle Lockwell et Maria Vinuesa

 2021-2022, « nos » artistes peintres n’ont jamais été aussi créatives

Isabelle Lockwell et Maria Vinuesa


Entre deux continents, un pont sur l’océan. Là-bas l’atelier de Maria Vinuesa en Allemagne. Ici l’atelier d’Isabelle Lockwell à Québec. Deux univers qui racontent un parcours de vie rempli de sinuosités, d’impasses, de cercles et d’envolées. Il n’y a pas assez de mots et de minutes pour grossir la rivière. Il nous faut regarder à travers le kaléidoscope de l’une et de l’autre pour comprendre la capacité de rédemption de l’art.

Difficile de choisir une toile plus qu’une autre ? Explorer leur continuité, visiter quantité de techniques, de formes et de matières, écouter aussi la musique d’une poésie faite de lyrisme et de quotidien.

La petite chaise adossée au ciel, l’arbre aux bras tendus, les échelles tout autant que les nappes d’eau, de désert et d’ombres sont imprégnés d’une quête d’abord personnelle, viscérale pour atteindre une sorte d’évidence universelle. La beauté en
éveil.

Fabienne Roitel