Maria Vinuesa
est née en Espagne, elle a grandi en France et vit à Munich, en Allemagne, depuis
plus de trente ans. Thérapeute et artiste, elle a traduit de la poésie dans
plusieurs anthologies et collaboré avec des auteurs et des musiciens pour des
spectacles. En 2007, elle illustre le recueil de prose et poésie De ce voyage presque rien (Éditions du Sablier,
Québec) de Fabienne Roitel, puis sa toile Bedding fait la première de couverture du recueil De l’amour et des restes humains (Éditions de l’Harmattan,
France, 2009), qui fait référence au
film de Denys Arcand Love and Human
Remains (1993).
Elle a
enseigné en France et en Allemagne et animé des ateliers dans le cadre de
« l’art thérapeutique ». Polyglotte, elle chante en espagnol et en
allemand, en français et en italien. Néanmoins, elle n’a jamais cessé de
peindre et de dessiner. Ses toiles reçoivent de plus en plus de témoignages
enthousiastes de ses pairs. Maria Vinuesa participe à de nombreuses expositions
collectives et en solo, et ses intérêts sont variés. Une peintre étonnamment
volcanique à ses heures et dont le bleu se décline de multiples façons, entre
les profondeurs marines et l’azur glacial de l’hiver.
Maria Vinuesa
construit des espaces qui s’emboîtent dans d’autres espaces ou peut-être des
volumes essentiels qui sont davantage que de simples traits et lignes
enchevêtrés. Des espaces humains, pleins de vie, celle d’une source intérieure
chaude et sensuelle. Il arrive parfois que du bleu naisse le feu et le sang
dans des rouges qui font craindre le désastre, l’appel carnivore d’un
interstice oublié, répudié. L’encre et la feuille d’or construisent des
fenêtres vers l’intérieur que notre sensibilité capte, que notre conscience
saisit pour mieux apprécier cette Audace Bleue.
Bien qu’elle
utilise des techniques mixtes, collages et acrylique entre autres, le dessin
chez elle est fondamental, ses encres en font la démonstration à travers des
corps qui s’exposent crûment, qui dansent, s’enchevêtrent. Le trait est vif,
mais comme arrondi dans sa sensualité, comme lascif dans son mouvement. L’acrylique,
l’aquarelle et les craies grasses complètent son univers et renvoie dans une
certaine mesure à ses racines espagnoles. La
vida, siempre la vida.
De l’automne 2012
jusqu’en février 2013, la galerie Bridge
Residenz de Munich exposait conjointement et en miroir son œuvre avec celle
de Monika Müller : Das Blaue vom
Himmel. En
2013, La Stadthalle de Münich (Erding) présente
une exposition collective où l’on peut admirer, entre autres, l’œuvre intitulée
El Lobo dans le catalogue 100 Künstler, 100 Werke
/ 100 artistes, 100 œuvres.
L’origine de cette toile
est ancrée dans un passé qui déborde sur le présent, nous confie l’artiste
peintre. Maria Vinuesa écrit : « Le titre m´est venu après une conversation avec ma tante de Madrid, qui me
racontait sa jeunesse dans son village de montagne perdu dans la Sierra de
Gredos, près d´Avila, au cœur des terres sauvages de
la Mancha (Castille). Il n´était pas rare de sortir jeter l´eau de la vaisselle
dans la ruelle, le soir tombé, et de voir luire les yeux d´un
loup dans la pénombre. Mon imagier intérieur est peuplé depuis l´enfance par
les histoires de loup de mon père dans ce village, lorsque jeune berger dans la sierra, il devait affronter la peur en
entendant les loups hurler et s´approcher du troupeau... […] El Lobo, le nom espagnol, véhicule plus d´émotions à mon sens que le mot français et
fait appel à l´imaginaire des grands espaces d´une Amérique héroïque et en même
temps hispanisée, où le LOUP est
déjà entré, l´immigrant, celui qui dérange, que l´on voudrait renvoyer chez lui de l´autre côté de la frontière, celui qui apporte le chaos et l'insécurité
parce qu´il réclame avec véhémence son droit à la vie... Là encore la notion
de combat pour un territoire. »
Maria Vinuesa[1]
a plusieurs projets sur son chevalet. Le travail qu’elle poursuit essaie de
faire jaillir « le nerf de l’image » intérieure, loin du conformisme
et qui n’hésite pas à se mettre en péril dans ce mouvement organique de bleu
strié aux fulgurances solaires. Avec parfois des petites trouées blanches… pour
respirer.
J’aime sa fougue
et sa manière affirmée d’aborder la vie sans faux semblant ni mièvrerie, avec
cette force que seuls les artistes peuvent nous communiquer.
Fabienne Roitel