( Petites Douceurs, Éditions L’Atelier des Noyers, Dijon, France, 2022.
Geishas on paper, peinture de Maria Vinuesa )
Apaise-moi dit-elleIl creuse dans son regard
Tous les bruns de la terre
Apaise-moi dit-il
Elle pose sur ses lèvres
Le partage des eaux.
Cela prend du temps, de la place dans son coeur et le goût de partager…
La lecture vibrante, touchante du dernier recueil de Sylvie Nicolas, Tout chagrin est un théâtre d’ombres, que je fais mienne dans ses refuges, ses silences et ses chagrins.
Sylvie, du latin « silva » forêt généreuse avec ses phrases enracinées dans un terroir qui est le plus rien de Toi, que je reconnais de plus en plus, que j’aime lire et parfois relire.
Une poésie que l’on ne rencontre pas souvent !
( Tout chagrin est un théâtre d’ombres, Hamac, Québec, 2022. Toucher terre, Oeuvres de la main gauche, Bertrand Tremblay artiste peintre. )
« Tu penses : Au théâtre de la mémoire, le chagrin lègue ses empreintes fossiles. »
Je me suis imprégnée à chaque page d’un voyage nomade dans une nature palpable et fragile.
« L’hiver s’est accroché, je retiens l’aube de toutes petites joies… »
J’ai le coeur qui s’est serré à la lecture d’images si fortes, si belles de Dominique Zalitis.
Je me suis reconnue dans l’entreligne et dans les lignes de ce recueil d’une grande beauté et d’une douce clarté, « des fragments de ciel entre les draps »
J’aimerais aussi reboiser ma mémoire pour me libérer de tout un héritage si pesant, si enraciné qu’il me fait encore mal après toutes ces années.
C’est pourquoi Défricher l’aube m’émeut jusqu’aux larmes. Ce recueil est d’une grande beauté.
( Défricher l’aube, Éditions David, Ottawa, 2021. Îles Mingan, Québec, photographie de Claud Lapointe . )
Dès le premier poème du recueil à venir, Ce n’est plus demain de François Vigneault, me voici emportée vers une Terre éternelle et fragile à la fois. Sa poésie observe les beautés du ciel, des minéraux, du fleuve et de la vie. Elle puise sa force dans le léger et le lourd, le dedans et le dehors, l’infini et le limité, la présence et l’ombre. À travers les mots du poète, on sent la révolte contre le convenu, les insignifiants discours, les guerres et leurs décombres ou les faux-semblants quand l’amour et la beauté sont à nos portes,
« Continuez à chercher Dans la nuit La musique de nos voix Ce n’est plus demain Mais aujourd’hui Tous les jours Que les pierres tombent Sur les jardins
Qu’on croyait éternels ».
( Ce n’est plus demain, Éditions du Sablier, Québec, 2023. Manon Cormier, artiste peintre, Québec, 2023. )
C’est à un voyage contemplatif que nous convie la jeune autrice Nancy Montour. Accompagnés des peintures de Monique Duguay, ces petits textes -haïkus- sont légers, heureux et bienfaisants. LÀ, SUR L’HORIZON, elles nous offrent de la simplicité et du bonheur à respirer. J’ai aimé traverser les paysages de ce recueil et « en chemin perdre le temps, trouver un caillou ». J’ai aimé le doux bruit de l’eau, la tranquillité qui s’en dégage et le bonheur qui semble émaner d’un instant fugace, d’un horizon fragile. J’ai aimé la simplicité, l’innocence et ce trop-plein de couleurs qui s’inscrit au fil des saisons. L’auteure veut nous transporter dans cet univers « pour le partager » et malgré la forme conventionnelle de ces petits éclats de poésie, réussit fort bien à nous faire
« respirer le ciel, laisser nos rêves grandir, presque s’envoler ».
… chercher l’horizon
sur les vagues bouillonnantes
question d’équilibre
mer tempétueuse
dans la voile qui tient bon
trouver du courage
(Nancy Montour, auteure, La Mer me parle et Monique Duguay peintre. )
Marguerite Hubacher, un auteur atypique qui, après Bonheur de ciel, proposera en 2023 un autre recueil à la structure inusitée, Sauver quoi ?
Les souvenirs contre les souvenirs
une boussole intérieure disloquée
quatre cardinaux
cramponnés à la mémoire.
La mémoire ne s’arrête jamais
les vivants rejoignent les morts, les êtres imaginaires les êtres réels
les rêves rejoignent l’histoire.
(Marguerite Hubacher, auteur et Isabelle Lockwell, artiste peintre. )