Le poème qui n’en finit pas de commencer toujours[1]…
…est un très
beau recueil du comédien, metteur en scène et poète Yves-Jacques Bouin. En 1983, il créait sa compagnie, Le Théâtre pour de vrai, avec laquelle
il a produit de nombreux spectacles sur l’œuvre de poètes contemporains : Max Jacob, Henri Michaux, Paul Eluard, Pierre Reverdy, Robert Desnos, René
Char, Louis Aragon, Guy Goffette, Ludovic Janvier, Italo Calvino, Pierre
Desproges, Daniil Harms, Franck Venaille, Attila Jozsef, Gherasim Luca, Pierre
Morency...
Il a quitté Paris en 2002 pour organiser le festival littéraire Temps de paroles en Bourgogne. Il a créé
deux autres manifestations : Salut
Poètes ! (Rencontres avec des poètes venus d'ailleurs : Allemagne,
Pologne, Italie, Espagne, Portugal, Hongrie, Wallonie, Norvège, Suède,
Finlande, Danemark, Suisse, Roumanie, Occitanie) et TemPoésie.
Au-delà de ce parcours plein de noms, de pays,
de mémoire, il y a un homme souriant, généreux de son temps, de sa parole, de
son savoir ; un homme qui aime les conversations et a le désir de
comprendre et de communiquer avec les autres. Tel est le poète et l’homme
Yves-Jacques Bouin. Il vous entraine sur sa route et vous offre ses mots et ses
voies (x), « La route est libre la route est libre d’aller la route est
libre d’aller toujours… au même endroit… »
Et nous de l’accompagner dans ses confidences avec bonheur et pudeur,
« Atteindre en un seul mot l’horizon de tous les horizons, puis reprendre
la route et les bas-côtés du silence. »
On ne sera pas étonné d’apprendre qu’il tient régulièrement des ateliers
d’écriture et des ateliers d’expression orale dans les bibliothèques,
associations, maisons d’arrêt, établissements scolaires… Le « Poème sans titre et sans propriété », écrit-il, les paroles qui
circulent alentour que « tu n’as pas atteintes, qui ne t’ont pas
touché ? »
De l’autre côté de l’océan
atlantique, il y a un écrivain à découvrir avec ses paroles pleines de
compassion ou d’ironie. Un auteur que j’aimerais entendre au Québec parce que
sa langue est la nôtre, que ses mots d’amour « montent à l’horizon dans
l’avidité de l’horizon suivant, et ainsi à l’infini », que cette liberté
traverse la poésie, que la poésie parcoure le pays avec elle.
ã Fabienne Roitel, 2014
[1] Aux éditions de la Renarde
rouge, avec des acryliques de Sylvaine Raoul, 2011.
A publié aux éditions Le Pré de l'âge, Fer de
Chances, L'épi de Seigle, La Renarde Rouge, Mazette, Clarisse.
Dernières publications : aux Éditions l'Improviste
Un Bouin c'est tout (2013),
et aux Éditions Rhubarbe Je crois que tout n'est pas fini je vole (2014).
Réédition de Une passée de paroles aux éditions Mazette.
Je crois que tout n’est pas fini je vole
Yves-Jacques
BOUIN[1]
D’abord, il y
a eu ce titre : Je crois que tout n’est pas fini je vole[2].
Ensuite, un voyage en train où « tous les contraires sont rassemblés en un
aller simple », des rencontres, l’attente dans de petits paragraphes tels
des soliloques et Les Douze Poèmes (les
neutrinos) ciselés et beaux qui empruntent des raccourcis pour nous faire rêver
ou réfléchir. L’écriture en miroir, sous ses allures légères et presque jubilatoires,
cache pourtant une douleur lancinante que ni la mésange ni un sourire ne peut
effacer.
Le poète
habite ses pages, ses phrases, ses mots dans l’espace du livre et dans celui
d’une vie qui se déroule sous nos yeux avec ses interrogations, ses coïncidences,
ses émotions. Orphelin, le poète s’amuse et se moque, toujours avec lucidité;
son écriture est multiple, sa mémoire à la recherche d’un nom, d’un visage ou
d’un oiseau. Yves-Jacques Bouin nous apprend à lire et à écouter la poésie et
tous ces mots qui surgissent au hasard, ces « mots qui l’instant précédent
n’étaient pas faits pour se rencontrer […] Une fois rassemblés, les mots ont
tout à dire. »
Nous croisons alors des phrases
dans un désordre heureux, nous récoltons des instants de douceur, nous habitons
un moulin, nous partageons avec le poète la quête de la beauté.
Qui sait ? un
jour nous volerons peut-être dans ce « couchant qui vendange la lumière »…
ã Fabienne Roitel, 2014
[1] Y-J
Bouin anime depuis 2013 la collection 3,14 g de poésie pour la maison
d’édition bourguignonne p.i.sage
intérieur et organise des événements littéraires à
Dijon : www.lavoixdesmots.org
[2] Yves-Jacques BOUIN, Je crois que tout n’est pas fini je vole,
Éditions Rhubarbe, 2014.
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