vendredi 26 septembre 2014

À propos d'Yves-Jacques Bouin

Le poème qui n’en finit pas de commencer toujours[1]

…est un très beau recueil du comédien, metteur en scène et poète Yves-Jacques Bouin. En 1983, il créait sa compagnie, Le Théâtre pour de vrai, avec laquelle il a produit de nombreux spectacles sur l’œuvre de poètes contemporains : Max Jacob, Henri Michaux, Paul Eluard, Pierre Reverdy, Robert Desnos, René Char, Louis Aragon, Guy Goffette, Ludovic Janvier, Italo Calvino, Pierre Desproges, Daniil Harms, Franck Venaille, Attila Jozsef, Gherasim Luca, Pierre Morency...

Il a quitté Paris en 2002 pour organiser le festival littéraire Temps de paroles en Bourgogne. Il a créé deux autres manifestations : Salut Poètes ! (Rencontres avec des poètes venus d'ailleurs : Allemagne, Pologne, Italie, Espagne, Portugal, Hongrie, Wallonie, Norvège, Suède, Finlande, Danemark, Suisse, Roumanie, Occitanie) et TemPoésie.

Au-delà de ce parcours plein de noms, de pays, de mémoire, il y a un homme souriant, généreux de son temps, de sa parole, de son savoir ; un homme qui aime les conversations et a le désir de comprendre et de communiquer avec les autres. Tel est le poète et l’homme Yves-Jacques Bouin. Il vous entraine sur sa route et vous offre ses mots et ses voies (x), « La route est libre la route est libre d’aller la route est libre d’aller toujours… au même endroit… »
Et nous de l’accompagner dans ses confidences avec bonheur et pudeur, « Atteindre en un seul mot l’horizon de tous les horizons, puis reprendre la route et les bas-côtés du silence. »

On ne sera pas étonné d’apprendre qu’il tient régulièrement des ateliers d’écriture et des ateliers d’expression orale dans les bibliothèques, associations, maisons d’arrêt, établissements scolaires…  Le « Poème sans titre et sans propriété », écrit-il, les paroles qui circulent alentour que « tu n’as pas atteintes, qui ne t’ont pas touché ? »

            De l’autre côté de l’océan atlantique, il y a un écrivain à découvrir avec ses paroles pleines de compassion ou d’ironie. Un auteur que j’aimerais entendre au Québec parce que sa langue est la nôtre, que ses mots d’amour « montent à l’horizon dans l’avidité de l’horizon suivant, et ainsi à l’infini », que cette liberté traverse la poésie, que la poésie parcoure le pays avec elle. 

ã Fabienne Roitel, 2014





[1] Aux éditions de la Renarde rouge, avec des acryliques de Sylvaine Raoul, 2011.
A publié aux éditions Le Pré de l'âge, Fer de Chances, L'épi de Seigle, La Renarde Rouge, Mazette, Clarisse.
Dernières publications : aux Éditions l'Improviste Un Bouin c'est tout (2013),
et aux Éditions Rhubarbe Je crois que tout n'est pas fini je vole (2014).
Réédition de Une passée de paroles aux éditions Mazette.

Je crois que tout n’est pas fini je vole
Yves-Jacques BOUIN[1]

D’abord, il y a eu ce titre : Je crois que tout n’est pas fini je vole[2]. Ensuite, un voyage en train où « tous les contraires sont rassemblés en un aller simple », des rencontres, l’attente dans de petits paragraphes tels des soliloques et Les Douze Poèmes (les neutrinos) ciselés et beaux qui empruntent des raccourcis pour nous faire rêver ou réfléchir. L’écriture en miroir, sous ses allures légères et presque jubilatoires, cache pourtant une douleur lancinante que ni la mésange ni un sourire ne peut effacer.
Le poète habite ses pages, ses phrases, ses mots dans l’espace du livre et dans celui d’une vie qui se déroule sous nos yeux avec ses interrogations, ses coïncidences, ses émotions. Orphelin, le poète s’amuse et se moque, toujours avec lucidité; son écriture est multiple, sa mémoire à la recherche d’un nom, d’un visage ou d’un oiseau. Yves-Jacques Bouin nous apprend à lire et à écouter la poésie et tous ces mots qui surgissent au hasard, ces « mots qui l’instant précédent n’étaient pas faits pour se rencontrer […] Une fois rassemblés, les mots ont tout à dire. »
Nous croisons alors des phrases dans un désordre heureux, nous récoltons des instants de douceur, nous habitons un moulin, nous partageons avec le poète la quête de la beauté.
Qui sait ? un jour nous volerons peut-être dans ce « couchant qui vendange la lumière »…

ã Fabienne Roitel, 2014




[1] Y-J Bouin anime depuis 2013 la collection 3,14 g de poésie pour la maison d’édition bourguignonne p.i.sage intérieur et organise des événements littéraires à Dijon : www.lavoixdesmots.org
[2] Yves-Jacques BOUIN, Je crois que tout n’est pas fini je vole, Éditions Rhubarbe, 2014.

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